Goossens divers

La porte de l'univers

Couverture Relié
Langue FR
Pagination 88
Numéro ISBN 9791038200944
Dimension 32 cm x 24 cm x 1.3 cm
Poids 0.788 kg
Date de parution 04-05-2022
Disponible Prix BD Web Membre: 18,90

Plus d'infos

Robert Cognard, humoriste lessivé, voit sa vie basculer. Son histoire, faite de destins brisés et de silences, le rattrape alors qu'il n'a plus de gag pour se défendre. Un thriller à couper le souffle, mené tambour battant sur les chapeaux de roue par le maître incontesté du genre. Mais dans quel but ?
La porte de l'univers

Avis

Score moyen 2 / 5
Score:
2/5
Par: le

Un Goossens vaut-il mieux que deux tu l'auras ?

Après presque 40 ans de lecture de Goossens, j'ai commandé son dernier album, comme la jeunesse de 1914 allait la fleur au fusil, sûre de son destin. C'est d'avoir déjà trop vécu, sans doute.
Mauvaise nouvelle à la réception : le bandeau rouge promotionnel d'édition, avec logo Rance inter et recommandations de deux maréchaux d'Empire de la Kulture du rire, Poelvoorde et Edouard Baer. Voilà l'annonce de légion d'honneur et des palmes académiques de trop. Le faire-part d'enterrement de rêveur avant la lettre. Hmmm, conneries de marketing d'éditeur, tout ça...
A quoi ressemble le bouquin lui-même ? On ne manque pas la couverture satinée, presque luxueuse, avec un lettrage pour taupes aveugles. La 4ème de couv' renforce le malaise : logo France Inter à nouveau, plus une présentation de l'auteur, qui, en plus d'être inutile, tristement se veut drôle. Aïe-aïe-aïe ! Et puis une critique signée Télérama : on espère encore que c'est un fake.

A l'ouverture du livre, ça y est, il fallait le craindre, on est sur le front. Rrrroulements de tambours de remerciements annonçant une préface et une postface. Qu..Quoi ? Une préface ? Et une postface ? Alors là, ce n'est plus le front, mais l'arène, avec sauce à la menthe sur le supplicié destiné aux lions : pauvres bêtes ! A moitié paniqué, les jambes campées sous moi comme pour fuir une lecture que j'affronterai de toutes façons, je tourne la page et je tombe immanquablement sur la
préface d'Edouard Baer. Je revis la stupeur du paysan russe du Stalingrad de J-J Annaud ouvrant la porte du wagon plombé sur le flamboyant spectacle de "l'Opération spéciale" allemande sur la ville en 1942. Nom de... Taxi, à la fin de l'Univers, vite ! Et là, comme le défilé impeccable des troupes après l’inévitable victoire du Bien contre le Mal, comme un monument aux morts contre l'oubli du yaourt de l'existence aux vrais morceaux de vie, une postface de cinq pages de ...je me frotte les yeux... Daniel Goossens, qui démonte méthodiquement son œuvre. Je crois voir un informaticien démontant son ordinateur pièce par pièce, en vous expliquant dans le détail la fonction de chacune d'entre elles. Nom d'une... passez-moi le tuto, je plane.

La viande de l’œuvre ne déçoit pas, bien sûr. Ferme et goûteuse, sans trop de nerfs, la parade des Looney Tunes caricaturaux de Goossens a bien lieu, dans sa scénographie Hollywoodienne d'avant les "block busters", code de saveurs désormais réservé aux seniors. Contradictions et absurdités s'alignent dans la file, le ticket à la main. Leur tour vient inéluctablement. A l'âge d'être grand-père, comment ne pas sourire devant un album photo imprégné de la nostalgie d'un humour qu'on a si bien appris à déchiffrer ?
Juste une chose : à la fin de l'album, il y a quand-même écrit "Fluide glacial 2022". Dans le domaine de l'absurde, il me semble que notre espèce a sublimé depuis mars 2020 les évocations de Goossens de la manière la plus grotesque, édifiante et inattendue. Sidérante, disaient certains. Qu'on aurait même pu rendre sidérale pour la faire passer par La porte de l'univers. Mais alors, pourquoi aucune allusion à cette immanquable démonstration de connerie grégaire humaine dans ce dernier opus de mon auteur préféré ? Daniel Goossens est-il encore confiné, masque sur la bouche ? Comme ces soldats japonais oubliés sur une île du Pacifique, et qui croyaient être encore en guerre, ignore-t-il qu'au dehors la vie a repris ses droits ? Ou plus franco-domestiquement, doit-on penser que sa femme le séquestre ?

La porte de l'univers, c'est donc toujours du Goossens, on ne peut pas se plaindre. Mais comme pour une musique militaire qu'on entend et qui était annoncée sur la pochette du CD, c'est une sorte de sergent Pépère qui se mord la queue. Et par compassion pour Goossens, on lui souhaite à son âge d'être devenu noir pour ne pas risquer le lumbago dans l'exercice. On en vient à espérer que la cybernétique et l'Intelligence artificielle -dont il s'était fait professeur- ont conjugué leurs efforts pour mettre au point cet incroyable clone de Daniel Goossens, auteur de La Porte de l'univers.
Ou alors... bon sang, mais oui ! Entre 2020 et 2022, j'ai passé sans m'en rendre compte la Porte de l'Univers cyclique pour me retrouver 40 ans en arrière ! Je mourrais de déshydratation à force d'en pleurer d'émotion, si j'osais passer ma porte d'entrée avec cette canicule.

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